Le Compositeur

Les belles histoires de famille évoquent l’arrivée à Arefu de Mihail Hagi Stephan, le père de George et grand-père de Gabriel, venu du Mont Pinde. C’était un riche commerçant aroumain qui, dans sa fuite devant les Turcs, choisit de s’installer en terre roumaine. Avec l’argent assuré par une banque autrichienne, il acheta en 1810 le domaine d’Arefu, appartenant alors à la famille Filipescu.

De nombreux procès furent liés à ce domaine, car les soldats de Tepes Voda prétendirent que celle-ci lui appartenait en vertu d’un ancien titre de propriété, écrit sur peau de lapin par Tepes Voda lui-même. Le document n’a jamais été retrouvé et le manoir d’Arefu est toujours un symbole local de la famille Stephanescu.

Mihail Hagi Stephan n’eut qu’un fils, George, de son union avec Maria Cretescu, fille de Ioan Cretescu-Ortopan, capitaine dans l’armee de Tudor Vladimirescu, elle appartenait à la famille noble du logofat (chancelier) de Târgu-Jiu.

George Stephan se fit plus tard appeler Stephanescu – nom de famille d’après son père aroumain, la lettre « f » manquant dans l’alphabet cyrillique et se transcrivant phonétiquement par « ph ».

George Stephanescu a fait l’objet d’une biographie publiée en roumain en 2010: « George Stephanescu – Oeuvre et images vivantes » – Bucarest, Edition Paco.
Diplômé à 16 ans du collège Saint Sava, parlant couramment quatre langues étrangères (français, allemand, grec, italien) et pratiquant le latin, George bénéficie d’une excellente éducation. Ses parents soutiennent son goût et son talent pour la musique. Il dispose ainsi à Arefu d’un piano de très bonne facture, commandé à Vienne et amené par le Danube, puis sur un char tiré par des bœufs. Plus tard, ses parents l’envoient se perfectionner au Conservatoire de Musique à Paris. Il connaît la capitale française pendant la guerre de 1870, subit le siège et s’y trouve témoin de la Commune!
Fondateur de l’Opéra roumain, nous retrouvons avec joie aujourd’hui, George Stephănescu, sur les notes de musique et les livres étudiant au Conservatoire. Une reconnaissance de sa grande valeur.

La mezzo-soprano Alexandrina Gavalla, deuxième femme du compositeur  George Stephanescu et mère du peintre Gabriel Stephanescu-Arephy.

Revenu dans son pays, il y mène une belle carrière : compositeur reconnu, il dirige l’orchestre du Théâtre National de Bucarest, donne des cours au Conservatoire et initie le projet d’Opéra roumain, pour lequel il ne compte ni son temps ni ses dons.
Visionnaire et généreux, il aime soutenir les jeunes talents et les accueillir au Manoir d’Arefu, au même titre que les gloires reconnues. Sa résidence estivale tient lieu de source d’inspiration et d’émulation dans le cercle de ses amis artistes ou érudits : les écrivains y trouvent le calme pour travailler, les comédiens et les étudiants en chant y répètent dans le verger, les peintres herborisent dans la montagne à l’instar de Victor Stephanescu lui-même.
On y voit souvent Iulia Haşdeu, poétesse amoureuse des lieux, et Caragiale, inspiré par l’histoire des villages environnants, qui écrira « Napasta » à l’ombre d’un noyer séculaire.
Cette atmosphère si inspirante imprègnera plus tard l’œuvre de ses fils.

Piano de George Stephanescu, apporté de Vienne

Le lieu fondateur pour cette famille d’artistes est le Manoir de Căpăţâneni-Arefu, lieu de villégiature situé dans la haute vallée de la rivière Argeş, dans un magnifique cadre vallonné et boisé. C’est là que George Stephanescu aimait inviter ses amis à passer l’été: écrivains et poètes (Alecsandri, Caragiale, Delavrancea, Iulia Haşdeu…), comédiens (Notarra et ses élèves), musiciens et chanteurs d’opéra s’y retrouvaient pour se reposer et travailler aux champs, en s’inspirant de l’atmosphère de culture et d’harmonie privilégiée au domaine.

Il y fit construire un petit manoir de style suisse, avec l’aide d’un maçon italien. Simple et authentique, la construction nécessita deux années de chantier et n’utilisa que des matériaux locaux: pierre, brique et bois.

À côté de George Stephanescu, des invitées de prestige comme Teodorini ou Delavrancea, et trois de ses sept enfants: Gabriel (peintre) Victor (architecte) et Mişu, l’un des autres frères mort jeune.
George Stephanescu et Hariclea Darclee aux côtés du chef d’orchestre du Chœur de Mitropolie


Vous pouvez voir ci-dessous quelques affiches des performances de George Stephanescu et des examens de ses élèves


Vous pouvez voir ici le script de la chanson héroïque écrite par George Stephanescu.